Crocus

La mode éco-responsable, la mode bio, la mode éthique, on en entend de plus en plus parler. Mais est-elle devenue une norme, peut-on réellement s’habiller de la tête au pieds de façon responsable, d’un point de vue écologique et humain? Quelle en serait les clés pour une mode verte?

A la suite de la lecture d’un article du 24heures sur le sujet (“Dans la mode, l’étiquette éthique peine à s’imposer” du 28 juillet 2022), cela m’a replongée dans mon questionnement. Etant dans le milieu, voulant proposer une mode belle et éthique, ces questions sont importantes et claires à mes yeux. Quant aux réponses, elles sont malheureusement floues et éludées par plusieurs acteurs de la branche du textile, et on se rend compte que tout à un impact. Ma lecture du livre Changeons de mode de Mathilde Lepage me l’a fait découvrir, à tel point que je me suis dit que je ne proposerais plus que des feuilles de vignes (bio et locale bien entendu!) à mes clientes ! 😅

Alors y a-t-il une “bonne” façon de s’habiller, ou tout du moins, une meilleure façon? Je vous livre ma synthèse de mes recherches de ces quelques derniers mois et vous donne quelques pistes pour vous habiller au plus proche de vos valeurs éthiques.

L’industrie de la mode en quelques chiffres et faits

L’industrie du textile est l’un des secteurs les plus polluants: elle est au 2ème rang mondial des secteurs les plus polluants d’eau propre, derrière l’agroalimentaire. Elle est également responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre! Les étapes de production des matières premières et la mise en forme du vêtement sont celles qui contribuent le plus au réchauffement climatique.

En chiffres, cela donne (pour avoir le tournis):

  • 342 millions de barils de pétrole chaque année pour fabriquer les fibres synthétiques de nos vêtements (polyester, polyamide et autre poly-)
  • 120 millions d’arbres abattus par an pour produire les fibres artificielles (viscose pour ne citer que la plus connue) alors qu’elle représente que 7% des fibres fabriquées chaque année.
  • 2000 litres d’eau pour réaliser un t-shirt en coton (!!!)
  • 2.1 milliards de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre
  • 60% de ces émissions sont dues à la production, 20% dans les opérations des marques (transport, emballage, composition, volume de production) et 20% directement lié aux comportements des consommateurs!
  • 127 milliards de dollars de vêtements fabriqués importés chaque année dans les pays du G20, ce qui correspond à 80% du commerce international

Tout ceci concerne la partie production. Ce qui fait déjà mal à lire. Penchons-nous maintenant sur les chiffres concernant la consommation, ce qui résume notre façon d’acheter et de jeter de façon frénétique. Pourtant, c’est là que nous pouvons déjà faire un grand changement!

  • 60% d’achats de vêtements achetés en plus qu’il y a 15 ans
  • 50% en moins, c’est le taux de la durée de vie d’un vêtement que nous portons (soit à cause de la mauvaise qualité ou d’une envie de renouvellement) par rapport à il y a 15 ans
  • 40% des habits sont vendus à prix réduits, car faut faire de la place aux nouveautés
  • 7 fois, en moyenne un habit est porté
  • 42 habits achetés par an et par personne
  • 85% de nos vêtements finissent dans des décharges alors qu’ils pourraient être recyclés ou en seconde main.
  • Ce qui représenterait 150 millions de tonnes de vêtements d’ici 2050 !!
  • plus de 79 marques (technologiques, automobiles mais surtout textiles) sont listées sur un rapport dénonçant le travail forcé de la population Ouïghour

Et quand on se penche sur les conditions de travail des personnes qui contribuent à la réalisation d’un vêtement, de la culture de la matière première à sa réalisation en produit fini, là, on se dit que nos habits cachent une triste réalité:

  • 93% des marques ignorent qui est le fournisseur de son fournisseur
  • 37% des marques seulement connaissent leurs fournisseurs direct!
  • 3500 zones franches (régions où les conditions de travail sont, disons très basses voire nulles), réparties dans 130 pays
  • 66 millions de personnes y sont employées dans ces conditions
  • 2ème, c’est la place sur le podium des plus gros secteurs à contribuer à l’esclavage moderne que détient l’industrie de la mode (derrière la technologie)
  • 2% des ouvrières et ouvriers dans la confection des vêtements touchent un salaire vital !
  • 0.6% du prix d’un vêtement correspond à la partie du salaire de l’ouvrier-ère. Faites le calcul quand vous avez acheté un t-shirt 5chf… (en comparaison, la part du magasin est de 59%)
  • 80% des employés sont des femmes. Et comme leurs droits est encore plus bas que pour les hommes dans la quasi totalité des pays du monde, je vous laisse imaginer les pires violences qu’elles peuvent subir au sein des usines que les exploitent.

Le tableau est bien noir, il fait peur même ! En prendre conscience, c’est se poser les bonnes question de ce qui se cache derrière les étiquettes de notre habillement pour réagir. Ce qui m’a amenée à écrire à mes fournisseurs principaux pour connaître plus en détail qui sont leurs propres fournisseurs, et connaître le plus possible la filière en entier (je partagerai les résultats de cette “enquête”) De plus, en tant que cliente, vous avez le pouvoir de faire évoluer cette industrie textile. Comme le slogan qu’il y a eu pour l’alimentation, on peut le reprendre pour l’habillement: acheter, c’est voter. Et nous avons tant à y gagner.

Article du 24Heures

L’impact d’un changement positif de la mode

Dans cette démarche industrielle, l’économie est linéaire: on produit, on utilise (souvent de façon très courte) et on jette. On choisissant de consommer autrement nos vêtements, en sélectionnant mieux les enseignes chez qui on les achète, et en agissant sur le comment ils finissent à la fin de leur vie, nous pourrons revenir à une économie circulaire, dans laquelle on produit, on utilise, puis on réinsère dans la chaîne pour transformer le “déchet” en nouvelle matière qui servira à produire à nouveau, et ainsi de suite.

Cela ne s’arrête pas seulement à faire moins de déchets en optant pour une mode plus durable écologiquement parlant. L’aspect social est derrière chaque étiquette de vêtements, et peut être la clé de bien des combats actuels pour un monde meilleur, car un prix bas cache des sacrifices; de vies, de territoires et de ressources.

Si nous avons une volonté d’une égalité entre hommes-femmes, se pencher sur l’industrie de la mode est un combat féministe. En effet, comme démontré plus haut dans les chiffres, 80% des personnes “employées” dans cette industrie sont des femmes. La grande majorité sont très jeunes et pauvres, les employeurs s’assurent qu’elles ne tombent pas enceintes, les menacent si elles refusent leurs avances, les violentent. Et les paient au lance-pierre.

1.2 milliards de personnes touchent moins d’un dollar par jour, ce qui fait 1 personne sur 5 de la population mondiale. Les femmes en constituent le 70%. Elles sont aussi la majorité de la main-d’œuvre dans l’agriculture. Or, avec le dérèglement climatique, elles doivent faire face à une baisse de rentabilité, donc de revenu. Cette pauvreté accrue a pour conséquence, d’enlever les fillettes des écoles, de les marier de force, pour palier le manque de revenus et garantir leur survie et celle du foyer. Au sein des travailleuses dans l’industrie de la mode, le taux exact de mariage forcé n’est pas connu, mais au regard des 13 millions de filles mariées de force (et avant leur 15 ans!) et sachant que les régions touchées par ce fléau sont des zones cultivant les matières naturelles, comme le coton, et confectionnant nos vêtements, il est logique de penser qu’une part non négligeable de fillettes ont connu et connaissent ce sort. Tout ceci pour maintenir les vêtements à des prix extrêmement bas.

ce qui est paradoxale, les femmes ont une grande responsabilité dans les foyers. Elles ont acquis des connaissances et compétences nombreuses et variées dans la gestion des ressources naturelles, mais ce travail-là est invisibilisé, étant exclue des divers programmes et processus politiques. Pourtant, leurs connaissances est une clé pour le développement durable si seulement les intérêts des femmes étaient pris en compte. Il est donc plus qu’important que les marques de vêtements (employant 80% de main-d’œuvre féminine, pour rappel) veillent à des pratiques équitables et dignes de leurs fournisseurs. Mais c’est également aux consommateurs et consommatrices de se remettre en question et de changer ses habitudes d’achats.

Souvent, les marques brandissent leurs efforts pour l’environnement avec des collections en coton bio ou polyester recyclé, mais ne fournissent rien de concret sur la face sociale de leurs productions. Comme si c’était l’un ou l’autre. Dans un sens, c’est plus facile de mettre en place des robes ou pulls en coton bio que de se lancer dans un combat social. Mais l’un et l’autre vont ensemble. Lutter pour l’égalité c’est aussi lutter pour l’environnement. C’est un travail de fond, long, mais qui sera un investissement sur du très long terme.

Il est temps de faire bouger les choses, à notre échelle, et si tout le monde s’y met, cela pourra changer. De plus, mieux consommer est à la portée de toutes, indépendamment de votre budget habillement.

Quelques pistes pour s’habiller au plus près de ses valeurs

Comme vu plus haut, 20% de l’impact de la production de gaz à effet de serre est dans le camp des consommatrices et consommateurs. Par plusieurs biais, que nous verrons ci-dessous, mais principalement par la frénésie d’achats et de changement que nous connaissons toutes et tous. Acheter du bas de gamme, c’est devoir racheter dans quelques mois. De plus, et les marques l’ont bien compris et l’utilise à grand renfort de marketing, cette envie de renouvellement continuel, cette sensation que si c’est porté x fois, c’est ringard qui nous habite plus ou moins fortement toutes.

Et comme si bien écrit dans le livre “Changeons la mode” de Mathilde Lepage, “le problème, ce n’est pas le coton, le polyester ou je ne sais quoi, parce que, quoi qu’on fasse, on polluera quand même plus ou moins. C’est avant tout les 130 milliards de fringues qui sont pondus chaque année parce qu’on en demande encore et toujours.” Il faut donc déconstruire cette sensation que plus on accumule, mieux on se portera. Les enseignes doivent changer et faire de gros efforts, mais nous, les consommatrices aussi. A nous de faire notre part, chacune.

Il ne faut pas vouloir tout changer du jour au lendemain, mais changer ses habitudes peu à peu, étape par étape. Prendre conscience de ce qui se cache derrière la fabrication d’un vêtement industriel dit de “fast-fashion” est un excellent début. Si vous êtes là et que vous me suivez, c’est que vous en êtes déjà consciente. Pour continuer sur cette belle lancée, voici les pistes à explorer et à faire pour vous rapprocher de votre idéal en terme d’habillement.

  • Faire un tri de ce que contient notre armoire pour savoir où on veut aller

Comme expliqué plus haut, ce qui est un désastre d’un point de vue environnemental (mais également social), ce sont les achats effrénés. Ce qui rendent nos armoires pleine à craquer et pourtant nous rachetons encore et encore, car souvent, on a oublié que nous avions déjà une pièce similaire ou nous nous lassons de nos affaires. Le fait que nous nous habillons 80% de notre temps avec seulement 20% de ce que nous avons accentue cette impression de lassitude. Petite astuce pour vérifier ce fait avec vous (et qui vous aidera à mieux trier une fois venu le temps de le faire): tournez vos cintres à l’envers et mettez à l’envers les piles d’habits. Quand vous rangez un habit porté et lavé, mettez-le cette fois comme d’habitude. Dans quelques mois, faites le bilan de ce qui a bougé et ce qui est resté dans la même position.

Ceux qui n’ont pas été portés pendant cette période test risquent de ne pas l’être plus tard non plus. Ces vêtements seront donc les premiers à être débarrassés (de façon intelligente!).

Et ceux qui ont été portés quelques fois? Posez-vous les questions suivantes pour vous aider à les trier plus efficacement: me vont-ils encore? pourquoi je les ai peu portés? sont-ils abîmés, tachés? sont-ils pour une occasion spéciale que je n’ai pas eu ces derniers mois?

Pour aller plus en détail pour comment trier votre armoire, je vous renvoie à l’article que j’avais écrit –> Comment trier son armoire

Une fois le tri effectué, le rangement sera clé pour la suite. Il faut que votre armoire dégage une ambiance qui vous plaise, renvoie une image harmonieuse, pour que vous ayez l’impression de vous retrouver devant un rayon de magasin fait pour vous et vous donne envie de vous habiller avec joie. Pourquoi quand on se promène dans les boutiques, on a envie de tout acheter? Pour la simple et bonne raison qu’elles pensent au moindre détails et regroupent les collections et gammes ensemble, ainsi que les couleurs. Faites de même! Plus de conseils pour cette partie dans cet article –> Ranger son armoire

L’entretien joue son rôle aussi, pour faire durer ses pièces et éviter d’utiliser des produits trop polluants. Je donne mes astuces dans cet article –> Comment bien entretenir ses vêtements

Après cette étape, vous avez déjà mis de l’ordre, vous y voyez plus clair, et c’est déjà un bon début vers un dressing plus “slow-fashion” et éco-responsable. De plus, vous avez aussi sûrement déceler dans les grandes lignes ce qui vous convient pour ce qui est de votre morphologie, style et couleurs. Ce sont des informations à garder en tête pour les achats futurs, qu’ils soient de seconde main ou du neuf.

  • Etre créative pour ce qui ne se porte plus

Vous avez fait le tri, c’est bien mais vous voilà avec une pile de vêtements que vous ne portez plus, ou si peu, tachés, troués, abîmés ou qui ne vous vont pas si bien. Que faire?

Faites parler votre créativité, ou celle d’un professionnel ! Si c’est la longueur de l’habit qui ne vous convient pas, faites-la ajuster. Le décolleté n’est pas des plus flatteur? Changez-le en découpant une nouvelle forme. Vous trouvez le modèle trop simple, sans caractère? Ajoutez lui une décoration en appliqué, de la dentelle, des rubans, des franges, etc ! Ou tout simplement, essayez-le avec des accessoires plus voyants et/ou colorés. Les accrochages peuvent facilement se réparer, amenez vos pièces chez la couturière. Ou upcyclez votre pièce en la transformant en un autre habit (comme je le fais avec des foulards et paréos inutilisés)! Si vous manquez d’idées, visitez mon Pinterest, cherchez sur internet, vous y trouverez une foule d’inspiration. Ou faites appel à une créatrice de votre connaissance.

Le fait de s’amuser à essayer cet habit que vous trouvez “bof” avec toute la gamme que contient votre garde-robe (comme je l’explique ici à l’étape 8) est également un bon moyen de trouver une autre association qui fera peut-être “wouah” et lui donnera une seconde chance avec vous!

C’est cela aussi l’esprit éco-responsable dans l’habillement au niveau des consommatrices. Apprendre à réparer, ou donner à le faire, transformer, améliorer pour pouvoir reporter différemment nos vêtements.

Photo de l’article “Le Kenya, dépotoir de la fast-fashion” du Temps
  • Se “débarrasser” intelligemment du surplus

Malgré tout, surtout après un premier tri ou inévitablement, à la fin de la vie de l’habit, il y aura du textile à débarrasser de chez vous. Ne jetez pas à la poubelle, même la chaussette trouée!

J’explique: les textiles (vêtements, sous-vêtements, linges de maison, chaussures, gants, bonnets, écharpes, etc) sont triés ou recyclés. Ceux en bon état, ceci concernerait environ 57.8% du volume collecté, seront renvoyés vers des boutiques de seconde main, ici ou à l’étranger. Les vêtements usés (33.5% du volume) seront transformés en de nouvelles matières (chiffons, matériaux d’isolation ou nouveaux textiles). Le hic, les matières mélangées qui ne sont, pour l’heure, pas encore recyclables. Pour ceux qui ne sont ni recyclables ni réutilisables finiront broyés et transformés en combustibles pou créer des sources d’énergies pour remplacer les énergies fossiles. Normalement, seulement 0.5% des textiles sont de vrais déchets ne pouvant être revalorisés.

En conclusion, en les jetant dans la poubelle, ils ne peuvent qu’être un déchet !

Si le vêtement est en bon état, portable, privilégiez la vente sur des sites tels qu’Anibis, Marketplace, etc ou donner à votre cercle d’amis et connaissances, ou proposez les à des boutiques de seconde main ou des associations telles que l’Armées du Salut ou Emaüs. Pourquoi? Car malheureusement, dans certaines bennes à tri qui récupèrent les textiles, vu la quantité d’habits récoltés, nos vêtements finiront dans des décharges, très souvent en Afrique (voir l’article du Temps sur le sujet). En effet, la surproduction d’habits entrainée par la surconsommation entraîne inévitablement d’énorme quantité de vêtements qui se retrouvent à inonder les pays qui servent de “poubelle” à l’Europe pour se donner bonne conscience. Mais là-bas, ils n’ont pas forcément les infrastructures pour recycler et sont tellement inondés qu’ils en brûlent ou enterrent une grande partie, conséquence de la fast-fashion en Occident (sans parler du fait que cela tue l’économie textile locale, la seconde main représentant 80% des vêtements vendus en Afrique subsaharienne). Alors pour tous vêtements en bon état, vendez ou donnez, ici proche de vous !

Certaines bennes sont spécifiques à certaines associations, je me rappelle en avoir vue une pour une association pour personnes en situations de handicaps, ce qui est aussi une bonne idée, car ils serviront à d’autres personnes.

Et pour le reste? Mettez dans les bennes. Le tri se fera et ils pourront connaître une seconde utilisation tout en soutenons des associations, donnant du travail et économisant de la matière première. Quelques informations supplémentaires :

–> sur le site de la Fédération romande des consommateurs (FRC)

— > une carte interactive pour trouver les points de collectes en Suisse (tout matériaux confondus)

Il existe aussi des alternatives qui se développent comme l’échange et la location. On échange un vêtement contre un autre, une nouveauté dans son armoire mais pas de surplus! La location est intéressante pour des pièces qu’on ne portera peu, style robe de cocktail.

  • Acheter malin et en conscience

Arrivera bien à un moment où il faudra acheter, soit par besoin ou par envie (il ne faut pas non plus se frustrer et culpabiliser, réduire ne veut pas dire ne plus rien acheter). Mais pour le faire au plus près des valeurs écologiques et sociales, il est bien de savoir pourquoi on va acheter une nouvelle pièce et surtout où et à qui.

D’abord, le premier choix pour être plus éco-responsable, est d’acheter en seconde main. Il y a une pléthore de boutiques proposant tous les styles et tous types de prix ainsi que les sites de reventes. L’avantage, il n’y a pas de production supplémentaire de matières, revalorisation d’une matière déjà existante, belles pièces à moindre coût par rapport au neuf, cercle vertueux d’économie, déculpabilisation lors d’achats. Inconvénient: la taille pas toujours disponible.

Et le neuf? Il n’est pas interdit, bien entendu! Mais faites vos achats de façon réfléchie. Posez-vous les bonnes questions et méditez sur quelques principes:

☑️ le coût par utilisation: on prend le prix d’achat du vêtement divisé par le nombre de fois porté. Exemple: un t-shirt payé 15chf porté deux fois vous reviendra plus cher (7.50chf par fois) qu’un t-shirt payé 80chf porté 20 fois (4chf par fois). Que cela soit par la solidité et qualité du vêtement ou par le fait que vous vous en êtes lassé, le fait de faire durée de vie à un impact sur l’environnement, le social et votre porte-monnaie.

☑️ acheter seulement ce que vous aimez totalement: si un détail vous chiffonne, ne le prenez pas. Il risque de dormir dans votre placard. Ou regardez avec la créatrice (ou créateur) du vêtement s’il y a moyen de rectifier ce petit détail qui vous dérange.

☑️ ne choisir que ce qui vous va vraiment: pour cela, rien ne vaut de faire une petite enquête sur votre style, votre morphologie et vos couleurs, de demander conseils à des professionnels. Faites-le point !

☑️ prendre son temps: faites vos achats quand vous avez le temps. Et lorsque vous flashez, imaginez-vous revenir et que cette pièce n’est plus disponible. Si un pincement au coeur se fait, passez à l’essayage et voyez s’il vous plaît toujours. Si le coup de foudre est toujours là, c’est tout bon!

☑️ regardez les étiquettes: une mention est obligatoire, celle de la composition. Privilégiez les matières naturelles, car toutes celles en synthétique laissent échapper des microplastiques à chaque lavage. Il y a mieux pour notre Nature… j’y reviens plus bas.

Le reste des informations n’est pas une obligation pour les fabricants, mais elle est mentionnée. Attention toutefois, le pays indiqué est le dernier pays où le vêtement a subi une transformation. Tout l’habit n’y est pas forcément fabriqué. Pour les marques responsables ou les créateurs, comme Crocus, l’information est fiable. et selon le pays cité, cela donne une indication sur les conditions de travail des personnes employées dans les usines (on peut vérifier sur le site de l’OIT, si le pays cité a ratifié les conventions l’Organisation du Travail ou des labels et des ONG)

Les conseils d’entretiens sont importants pour nous consommateurs, et permettent aux marques de se décharger s’il arrive malheur à l’habit. Non obligatoire, cette mention est souvent très stricte dans ces directives d’entretien pour ne pas prendre de risque. Si vous avez de la peine à vous y retrouver, lisez mon article sur l’entretien des vêtements ou sur l’application Mon étiquette. L’entretien est très important, car un habit malmené est un habit qui ne durera pas!

☑️ privilégier pour les achats neufs de belles matières: ou limiter au maximum les matières plus discutables. Choisir soit des matières recyclées, (ex: cuir recyclé, jeans recyclé, laine recyclée, ou même les synthétiques recyclés) ou la version biologique (coton bio, lin bio, viscose écologique tels Cupro, Tencel, etc) Comme mentionné plus haut, il faut savoir qu’à chaque lavage, nos vêtements laissent échapper de la matière. Des microplastiques sont donc acheminés dans l’eau à cause des matières synthétiques. Les éviter au maximum est donc un choix judicieux comme laver quand il y a vraiment besoin.

☑️ comprendre les labels: les labels sont là pour garantir la provenance, l’origine et la qualité des vêtements en garantissant des exigences précises. Les habits ou les tissus voulant recevoir un label doit remplir un cahier des charges. Vous pouvez avoir un aperçu sur le site de Clother et sinon le cahier des charges est visible sur les sites des labels concernés. Il faut garder en tête que pour le moment, aucun label ne couvre la totalité de la chaîne de fabrication d’un vêtement, et souvent, c’est soit le côté social ou soit le côté environnemental qui est pris en compte, exception pour le label GOTS, qui englobe les deux points (mais malheureusement pas la production). C’est pour cela que mes jerseys, dans leur quasi totalité, sont maintenant choisis pour ces critères-ci.

Attention: les labels d’une marque ne sont pas une garantie! Par exemple la collection Coton conscious d’une grande marque de fast-fashion ne répond à aucun cahier de charges extérieur à la marque, ni de contrôles d’un organe extérieur.

☑️ privilégier le circuit court: s’habiller chez des artisans, des stylistes et couturiers de votre région, c’est déjà privilégier une mode durable. Pas de surproduction, la qualité et l’écoute, une économie circulaire et de proximité, c’est un bon moyen pour mettre en pratique ses valeurs. Pour les trouver, allez visiter des annuaires tels que ConsommezLocal ou BeChicBeEthic, faites confiances à des sites tels que Clother qui recense des marques responsables et durable ou faites les marchés de créateurs pour dénicher des perles comme CoCoCréations ou Crocus !

Alors, peut-on s’habiller éco-responsable?

En conclusion, il est important de se rendre compte de tous les enjeux qu’il y a derrière les étoffes qui nous habillent. Environnementaux. Sociaux. L’un entrainant l’autre. Il est également important de comprendre que les choix d’achats sont cruciaux, comme pour la suite de la vie du vêtement dans nos armoires avec son entretien.

Quoiqu’on fasse, il est nécessaire de comprendre et d’accepter qu’il y aura un impact sur la Nature et sur des personnes dès qu’on fabrique quelque chose. Et c’est normal. Ce qui l’est moins, ce sont ces tonnes de vêtements qui finissent jetés, brûlés ou enterrés à cause d’une surproduction et une frénésie d’achat incroyable. Baisser cela, réduire, acheter moins mais de meilleure qualité, c’est déjà un pas vers une mode plus responsable.

Porter plus longtemps, faire durer, entretenir correctement et avec le moins de produits chimiques, qui sont ni bons pour notre peau et les eaux, espacer les lavages, c’est un second pas facilement réalisable.

Choisir avec discernement la matière qu’on va porter, les marques chez qui on dépense notre argent en sachant où elles font fabriquer leurs marchandises, s’interroger et interroger ses mêmes marques pour leur montrer que la provenance nous importe est un pas supplémentaire.

Alors oui, il est possible de s’habiller éco-responsable, et il y aura mille et une manières pour y arriver. Le but n’étant pas d’être parfaite sur tous les points, mais de faire et d’agir. Agir sur quelques points vaut mieux que ne rien faire, vous ne trouvez pas?

Et vous, que pensez-vous de ce sujet si vaste? Faites-moi part de vos remarques, questions et de votre point de vue en commentaire!

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